Porté par le secteur public, le concept d’Open Data se développe en France. Derrière ce terme : la mise à disposition libre des données mais également de nombreuses opportunités pour les réutiliser. L’entreprise est-elle concernée ? Et si tel est le cas, quel va être le rôle de sa Business Intelligence ?
Patrice Bernard, consultant chez Conix Consulting, cabinet qui accompagne l’évolution des systèmes d’informations des entreprises, explique dans un article publié sur son blog, qu’une entreprise a intérêt à « ouvrir ses données », surtout si elle distribue ses produits sur Internet. En affirmant que l’Open Data bénéficie également aux entreprises, Patrice Bernard met en avant un double intérêt : la monétisation de l’information (Google ou Facebook ont montré la voie) et le gain d’une forte valeur ajoutée issue du partage de l’information (des données pouvant devenir beaucoup plus précieuses grâce à l’expertise d’un partenaire). Pour le consultant, la valeur potentielle qu’offrirait l’Open Data serait même supérieure à celle de son médiatique compagnon, le Big Data.
Pour le démontrer, il cite une expérience menée par Gartner qui compare les bénéfices liés aux deux phénomènes et en conclut que l’Open Data est plus rentable que le Big Data. Comme l’explique David Newman, vice-président des recherches du cabinet d’études, si le Big Data permet aux entreprises de connaître leur environnement et de déceler à temps les tendances des consommateurs, l’Open Data leur permet d’avoir des interactions plus riches et directes avec leurs clients, leurs partenaires et leurs fournisseurs. A condition de savoir s’organiser, l’avantage compétitif peut être très clair.
Open Data et Business Intelligence
A l’occasion de la semaine européenne de l’Open Data à Nantes, en mai, le blogueur Frédéric Charles, responsable de la stratégie et de la gouvernance du SI dans un grand groupe, est revenu sur les avantages potentiels que l’Open Data peut conférer à l’informatique décisionnelle. Selon lui, les entreprises ont une culture de la donnée plus importante que celle des établissements publics, notamment grâce à leurs usages BI. Ainsi, elles savent mieux collecter les données et les transformer en connaissances actionnables. L’exemple de sociétés comme Google ou Facebook qui ont connu un succès fulgurant en misant sur des services gratuits de rentes et d’exploitations de données, montre qu’il y a parfois mieux à faire que d’enfermer jalousement ses données à double tour.
Les données transformées en connaissances actionnables sont les plus à même de faciliter la prise de décision. Leur valeur est inestimable pour l’entreprise. Frédéric Charles juge d’ailleurs que les « données sont le pétrole du XXIe siècle » et que l’Open Data permet de capitaliser dessus. Plutôt que d’avoir peur de prédateurs de la donnée (concurrents ou mastodontes de l’information de type Google), il encourage donc les entreprises à imaginer la valeur qu’elles pourraient créer avec leurs partenaires et clients en s’appuyant sur un « data écosystème ». Celui-ci pourrait capitaliser sur leur Business Intelligence, mais également l’enrichir en retour.
Les usages vont-ils évoluer ?
Cette approche a également été évoquée lors de la 7e édition de l’Université d’été de GS1 France, fin août. L’idée est que les entreprises qui partagent leurs données avec des partenaires innovants peuvent à la fois s’assurer qu’elles restent à jour et les enrichir. Au final, il est donc possible de mieux les valoriser que si elles étaient restées dans le giron de la BI de l’entreprise. C’est la position défendue lors de l’Université par Martin Duval, PDG de Bluenove, spécialiste de « l’open innovation ». Pour en arriver là, une société doit mener une réflexion de fond qui lui permette d’identifier quels types de données, selon son activité, son secteur et son écosystème, pourraient être un gisement de valeurs inexploité.
Avec l’Open Data, il n’est donc pas seulement question pour l’entreprise de récupérer encore plus de données clients que ce qu’elle sait déjà faire. Il y a évidemment une dimension légale à la question, mais ce n’est pas tout : si les entreprises veulent disposer de données personnelles supplémentaires, elles devront également faire un effort conséquent de transparence. Même si cela parait moins naturel, une société peut dégager de la valeur en mettant ses propres données à disposition, à condition d’y mettre les formes.
Enfin, l’Open Data sera peut-être amené à concerner l’entreprise dans son ensemble, dans un futur pas si lointain. Si cette culture du partage et de l’ouverture se développe, l’entreprise va devoir réfléchir aux nouveaux usages qu’elle engendre. Les citoyens qui utiliseront l’Open Data des collectivités publiques seront aussi les utilisateurs des solutions BI de l’entreprise : leur rapport à la donnée risque au final d’évoluer, avec un impact sur leurs usages professionnels.
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