L’analyse de données se démocratise-t-elle ?

Avec le Big Data, les données sont partout : leur analyse reste-t-elle réservée à quelques experts ?

Il y a quelques dizaines d’années, l’impression de documents était réservée à une petite élite aisée. Puis est venu l’époque de la démocratisation où chaque foyer a pu progressivement se doter de sa propre imprimante, bon marché. Enfin, Internet a complètement démultipliée les possibilités d’impressions en donnant accès à plus de documents qu’un être humain ne peut en lire.

Impression et analyse de données, même combat, explique Jonathan Gosier, cofondateur de metaLayer.com. Invité à prendre la parole lors de la conférence Strata du 1er mars dernier sur « La démocratisation des plateformes de données », il a mis en avant le rapport entre l’augmentation du nombre de données et la diffusion des outils pour les traiter.

« Tout le monde a son propre problème de Big Data » expose-t-il.

Le phénomène concerne autant le nombre de mails surréalistes que nous pouvons tous recevoir par jour, que le fait de chercher une réponse rapide à une question – sur Internet ou dans une base de données.

Or, entreprises, gouvernements et particuliers sont inégaux devant l’abondance de données… « Être capable de comprendre quelle donnée est disponible, comment il est possible de la manipuler, et comment il est possible de l’utiliser pour améliorer sa vie, n’est pas une compétence que tout le monde possède » fait ainsi remarquer Jonathan Gosier. C’est ce qu’il appelle « The Data divide », le fossé qui peut exister entre deux utilisateurs, au même titre que toutes les générations n’ont pas les mêmes facilités avec les technologies digitales.

Avec le Big Data, la donnée « se démocratise » . Ce mouvement doit donc logiquement s’accompagner d’une démocratisation de l’analyse de la donnée, suivant le même principe que le déploiement de l’imprimante personnelle.

Comment les entreprises sont-elles touchées ?

Cette dynamique de démocratisation est également noté par Hubert Guillaud, rédacteur en chef du site InternetActu : « Jusqu’à présent l’analyse de données était réservée aux experts et aux sociétés d’analyse de données […] L’analyse de données peut-elle être plus accessible à tout un chacun ? ». Pour les particuliers, il relève le développement de plus en plus d’outils d’automatisation et de personnalisation, avec un effet notable sur la qualité des résultats.

Pour les entreprises, ce mouvement aussi a un impact notable. Il sous-entend la diffusion de la compréhension des données. La Business Intelligence est confrontée à cette logique de « BI pour tous », qui doit permettre à chacun de réagir aux données et de favoriser de bonnes prises de décisions, quel que soit son niveau dans l’entreprise. En 2011, une étude quantitative d’un grand sérieux a confirmé la place stratégique croissante de l’analyse de données dans l’entreprise, rendu de plus en plus incontournable grâce à la démocratisation de ses outils.

Face à des données de plus en plus nombreuses, une bonne compréhension et une bonne communication sont des objectifs de premier plan.

Durant son intervention, Jonathan Gosier prend ainsi l’exemple de la Data Vizualisation. « La visualisation n’est en aucun cas amené à remplacer l’expertise […] mais elle représente simplement une méthode pour communiquer à travers des barrières de connaissance » détaille-t-il.

Un exemple confirmé par Xavier Rauch, Directeur R&D Business Intelligence chez Coheris et membre de l’association Visual Decision : « La démocratisation de l’accès et de la présentation des données est importante ; elle est portée par les usages Internet ou encore des problématiques comme l’Open Data ». Si la donnée est de plus en plus répandue et accessible, la rendre compréhensible demande dorénavant d’être capable de « véhiculer un message, scénariser, avec une dimension de storytelling » expose l’expert en dataviz.

Pour les particuliers comme pour les entreprises s’emparer de la donnée reste donc encore un défi permanent.

 

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Strength in Numbers: How Does Data-Driven Decisionmaking Affect Firm Performance ? – Erik Brynjolfsson, Lorin M. Hitt, Heekyung Hellen Kim (22 avril 2011)

 

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